Lettre
à l'attention de Monsieur Le Ministre de la Santé et des Solidarités,
Olivier Veran, et de Madame Christelle Dubos, Secrétaire d'Etat.
Madame, Monsieur,
Je
me présente, je m'appelle Julie et j'exerce la profession d'assistante
maternelle depuis 2016. Le métier d'assistante maternelle, je l'aime et
je l'ai choisi. Depuis le départ, je me rends compte des difficultés de
celui ci, les embûches auxquelles nous sommes confrontés sans cesse.
Être assistante maternelle en 2020 demande une force incroyable. Non, ce
ne sont pas les enfants qui nous épuisent, eux nous rappellent chaque
jour difficile à quel point notre métier est merveilleux. Ils sont notre
force face à des parents employeurs parfois mauvais payeurs, face à une
presse dénigrante sur les "nounous", face à des PMI toujours plus
exigeantes sur nos conditions d'accueil au fil des années au mépris de
nos droits et du référentiel national, face à Pajemploi et ses trop
nombreux dysfonctionnements, face à une société sans reconnaissance.
Tout le long de l'année, nous devons nous battre contre ses différents
acteurs, pour valoriser et faire respecter notre métier.
Avec
cette crise sanitaire exceptionnelle que subit notre pays, les
assistantes maternelles ont été mise sur le devant de la scène pour
permettre au pays de continuer de fonctionner. Les écoles et les crèches
sont fermées, mais augmentons donc les capacités d'accueil des
assistantes maternelles pour répondre au besoin! Les travailleurs ont
besoin de nous! Très vite, nous pensons naïvement que nous serons nous
aussi, des héroïnes nationales, et qu'enfin notre profession allait être
valorisée. Alors nombreuses sont celles qui ont continué leur travail,
tout en faisant l'école à leurs propres enfants. Beaucoup sont tombés
malades. Désinformées, abandonnées... Sans masques, sans gel, sans
gants... Mettant en danger leur vie et leur famille. Comment se sentir
en sécurité en crise sanitaire quand notre lieu de travail est aussi
notre lieu de vie? Et que pas grand monde ne se soucie de notre santé et
de celles de nos accueillis. J'ai quand à moi fait le choix de me
protéger et de cesser l'accueil. Une solution difficile à prendre,
n'ayant pas de droit de retrait, refuser l'accueil est un abandon de
poste. Mes employeurs pouvaient me licencier. J'ai eu de la chance, ils
ont compris. D'autres collègues ont perdu leur emploi. J'ai cherché des
réponses à mes interrogations auprès de ma PMI, de l'Agence Régionale de
Santé, de mon médecin. Le constat est simple: Seule. Seule face à la
crise, face à l'administratif, face au virus. Une mesure de chômage
partiel avec 84% pour les salariés français, mais seulement 80% pour les
assistantes maternelles qui perdent déjà énormément en cette période,
et que, dis-je... ce n'est même pas un chômage partiel, mais une
indemnité compensatoire qui ne sera pas prise en compte pour notre
retraite ou nos droits au chômage. Donc pour quelles raisons valons nous
moins que les autres salariés français? N'étions nous pas des héroïnes
nationales à continuer de s'occuper des enfants des parents qui font eux
aussi tourner le pays pendant le confinement?
La
désillusion continue avec le refus du gouvernement d'une prime pour les
assistantes maternelles ayant travaillés pendant le confinement. Notre
métier ne vaut rien à vos yeux et malheureusement la crise l'a encore
une fois démontré. Nous sommes 380 000 assistantes maternelles en
France, accueillant 33.4% des enfants de moins de trois ans - 18.5% pour
les crèches - et aujourd'hui, nous vous demandons de revaloriser notre
métier, et de nous protéger.
Lettre écrite à l'initiative de la mobilisation lancée par Magalie sur son blog L'assmag. Si vous souhaitez nous soutenir et vous mobilisez, je vous invite à envoyer votre lettre à : magalimolle@yahoo.fr.
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