Ma grossesse nerveuse.

J'ai longtemps hésité à en parler, puis je me suis dit qu'évacuer tout ce que j'avais vécu pendant cette période pouvait me faire du bien, mais également peut-être soulager certaines femmes qui ont souffert de la même chose. La grossesse nerveuse est un sujet tabou. Moi même, peu de personnes sont au courant ce qui m'a traversé pendant deux mois, et c'est une période très difficile émotionnellement que je vais vous raconter aujourd'hui.

En Octobre, je rencontre un sage femme pour un rendez-vous de pré-conception. Je n'ai trouvé que peu d'écoute et d'intérêt, une prescription d'acide folique, et une culpabilisation sur mon poids, m'incitant à m'inscrire en salle de sport, et à perdre du poids, car si jamais je ne perds pas, jamais on ne m'aidera pour la PMA (le tout alors qu'il était informé de mes soucis avec la boulimie). Ces phrases résonnent encore en moi, et même si sur le moment, j'ai gardé la tête haute, en me disant, il a raison, je n'ai pas envie de crever en accouchant, ces mots ont eu un impact énorme sur mes pensées et mon corps.

Premier cycle d'essai. Je pense détecter mon ovulation mi Novembre, avec un peu de spotting. Super, c'est le moment. Dix jours plus tard, je me sens différente. Je le sens, je suis enceinte. J'en suis persuadée. Voilà que je commence à avoir des symptômes de grossesse. Je vomis pendant deux semaines tous les matins, j'ai des nausées et une aversion pour les odeurs. Nous sortons faire du shopping, je prends de véritables bouffées de chaleur dans les magasins. D'un coup, mon corps tout entier se met à surchauffer. La nuit, je commence à me réveiller en sueur. Je suis enceinte, c'est certain. Fin du mois et donc de mon supposé cycle. Nous décidons de faire un test de grossesse. Test négatif. Je m'effondre, mais si j'ai des symptômes, nous sommes profondément persuadés que c'est trop tôt, on recommencera un soir dans quelques jours. Ce soir là, une youtubeuse que je suis (suivait) dans ses vlogs au quotidien annonce sa grossesse dans une magnifique vidéo larmoyante. Je m'effondre, je me déteste, je hais mon ventre vide, vide de bébé. Je me tape dans le ventre. Je me déteste, je déteste mon corps, et je me répète en boucle les mots du sage femme. Trop grosse, infertilité, poids...  Quelques jours plus tard, nouveau test. Une seule barre, la barre témoin s'affiche... C'est un cauchemar. Je continue de vomir chaque matin, d'avoir chaud, de me réveiller en sueur. Puis au bout du troisième test, ces symptômes vont cesser. Et mon corps va cesser de fonctionner jusqu'à début Janvier. Deux mois.

J'ai passé des fêtes de fin d'année affreuses, plusieurs amies annoncent leurs grossesses, et moi mon ventre se met à gonfler et être tendu. Je me touche le ventre alors que je sais que les tests sont négatifs. Moi aussi je le trouve dur et gonflé. Je le regarde. Je me questionne. Quel message essaie-t-il de me faire passer? Cette période a été très difficile. Car avoir cette sensation d'être enceinte sans l'être est horrible. L'impression de devenir folle, de perdre sa santé mentale. D'attendre que les règles arrivent pour cesser la mascarade en vain. Plus de 60 jours sans règles. Une visite chez le médecin, une prise de sang prescrite pour vérifier que tout va bien, faire un long bilan hormonal. Avoir mes règles qui se décident à arriver le lendemain... Le corps humain et ses mystères. Janvier a été dur à encaisser aussi. Voir les ventres ronds des copines. Et Février, en parler. Sortir la douleur des mots du sage femme. Les conséquences de cette pression qu'il m'a mise. Prendre les choses en main pour avancer. Changer de soignant. Et continuer d'espérer et d'apprendre à faire confiance à mon corps.

Voici mon expérience de ma grossesse nerveuse. J'ai lu quelques articles sur le sujet, et j'ai eu de la chance que cela ne dure que deux mois. Certaines femmes vont même jusqu'à avoir des contractions d'accouchement en ayant le ventre totalement vide de bébé. C'est tabou et c'est un enfer pour celles qui veulent devenir mères. Ne nous jugez pas, notre esprit fonctionne simplement plus vite que ce que voudrait notre corps... Et si vous avez vécu ça, parlez-en. C'est un sentiment si horrible, la culpabilité est monstrueuse, mais voyez ça comme une si belle et forte envie d'avoir un bébé... On l'aime déjà avant même qu'il existe...